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L'heure des métiers du lien est venue ! - Supplément d’Assistantes Maternelles magazine n°182 - Mars/Avril 2021

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L’heure des métiers du lien est venue !

Les assistantes maternelles au cœur de l’Assemblée nationale

 

François Ruffin, député de la Somme, fondateur du journal Fakir, auteur, réalisateur de Merci patron ! (César du meilleur documentaire) et J’veux du soleil !

 

Son prochain documentaire sera consacré aux métiers du lien.

 

Et si enfin notre société s’intéressait véritablement à celles et ceux (soyons honnêtes, plutôt celles) qui exercent, telles les assistantes maternelles, des métiers du lien ? Deux députés, dont François Ruffin, se sont ainsi penchés sur une question ô combien fondamentale : « Comment expliquer que ces métiers, si essentiels pour notre société, soient fortement précarisés et peu reconnus ? » De cette interrogation, un rapport a été déposé à l’Assemblée nationale en juin 2020 et des propositions de loi formulées fin septembre dernier. Rencontre avec François Ruffin lequel a accordé à Assistantes Maternelles magazine un entretien.

 

Anne-Sophie Rochegude : Monsieur le député, vous avez co-écrit avec un autre député, un rapport sur les « Métiers du lien »1. Qu’est-ce qui a nourri votre intérêt pour ces professionnels et, plus précisément, pour celle d’assistante maternelle ?

La première fois que l’on m’a évoqué la situation des assistantes maternelles, ce fut par l’une d’entre elles, dans un endroit insolite de prime abord puisque j’étais à la buvette d’un club de foot… Une professionnelle était en effet présente, participant au service de restauration. A l’occasion d’un échange, j’ai appris que cela faisait plus de vingt ans qu’elle exerçait ce métier et, selon ses propres mots, « qu’elle n’en pouvait plus ». De fait, bien qu’adorant tant sa profession en soi (pour ce qu’elle représente) que les enfants, les conditions d’exercice la conduisaient à vouloir (voire devoir) changer de métier : amplitudes horaires impossibles, vie privée plus qu’envahie, rémunération plus que maigre (l’accueil de trois enfants ne lui suffisant pas à atteindre le Smic), etc. Des éléments que l’on retrouve d’ailleurs chez les autres professionnelles2 présentées dans le rapport, à savoir les AESH3, les auxiliaires de vie sociale et les animatrices du périscolaires. Des métiers allant du berceau jusqu’à quasiment la tombe et qui constituent à mon sens un continent invisible. C’est en réponse précisément à cela que nous avons décidé d’un rapport parlementaire. Non que nous pensions qu’il puisse tout résoudre mais a minima, qu’il participe à faire exister le problème, à le rendre visible…

Plus profondément, je suis intimement convaincu que les métiers du lien doivent constituer notre plus grand investissement d’avenir. Le progrès de l’humanité demain, ce n’est pas la 5G, ce ne sont pas les biens, ce sont les liens. Le fait que les métiers fondés précisément sur ces derniers soient réellement reconnus, respectés et revalorisés marquerait l’importance que nous accordons aux liens dans notre société. Il s’agirait d’une avancée sociale eu égard à la précarité et pauvreté associées à ces métiers, mais aussi féministe (au vu de la proportion de femmes y évoluant). De fait, nous ne pouvons le nier, notre société fonctionne encore avec des représentations bien trop ancrées reposant sur le principe que ce genre de professions met en application des compétences ayant été pratiquées gracieusement des siècles durant par les femmes, dans les foyers, et qui, dès lors, n’appelleraient pas à de considération particulière. C’est également et enfin pour moi un combat écologique : repenser le progrès, comme rimant avec liens versus biens, va de pair avec une vision du monde plus respectueuse et sobre de la nature.

 

L’importance de ces métiers et, en ce qui nous concerne plus particulièrement, de ceux relatifs à la petite enfance, a déjà été soulignée… Je me réfère par exemple à ces recommandations de l’Union européenne4… Pourtant, rien ne « bouge » vraiment, rien ne semble se faire… Comment l’expliquez-vous ?

L’ensemble de ces métiers, comme ceux d’ailleurs du milieu hospitalier aujourd’hui, sont perçus à travers un coût, alors même qu’ils devraient l’être comme un investissement : il s’agirait d’enfin comprendre que si dès ses mille premiers jours, le tout-petit est « bien dans sa peau » et se développe de façon harmonieuse, cela constitue un élément déterminant quant à son devenir !

En la matière, j’ai en tête une étude longitudinale5 américaine (les Américains ayant moins de complexes que nous à réaliser des recherches/expérimentations sociologiques) ciblant un quartier défavorisé du centre-ville de Chicago6 et visant à évaluer l’impact d’interventions précoces quant au développement des enfants. Bien évidemment, une telle opération a un coût, mais au regard de ce qui était observable quant à la trajectoire des enfants en ayant bénéficié, celui-ci était dérisoire face au coût ainsi qu’au devenir (précarité socio-économique, difficile insertion professionnelle voire aussi, taux important de criminalité/d’incarcération) de ceux n’en ayant pas profité ! Cette réflexion pourrait apparaître comme se limitant à une vision ou stratégie économique, mais il nous faut prendre en compte toute cette dimension de mieux-être qui en ressort également. Un mieux-être individuel, un mieux-être sociétal aussi. Ceci étant posé, le grand problème est que les réflexions relatives à ces métiers de la petite enfance (comme d’ailleurs en ce qui concerne les autres métiers du lien) fonctionnent sur la base de stratégies économiques à court terme…

 

Sans compter que même si l’on peut être conscient de cette nécessité d’investir à long terme, ce « savoir » ne dit pas un « vouloir » le faire…

Tout à fait ! A l’occasion des auditions menées dans le cadre de ce rapport sur les métiers du lien, j’ai eu la possibilité d’échanger avec le philosophe Dominique Bourg ; lui posant la question de la dimension écologique inhérente à la revalorisation de ces professions, il me soulignait qu’aujourd’hui, nous sommes dans une société où être ingénieur, commercial, publicitaire dans l’automobile (par exemple et sans aucunement vouloir dénoncer les personnes exerçant en tant que tels) ne va pas dans le sens d’une préservation de notre monde, alors même que sujets d’une réelle reconnaissance et valorisation. Avec donc ce paradoxe que les personnes exerçant quant à elles un métier allant dans le sens d’un bien-être, d’un mieux-être, n’y ont pas droit ! En ce sens, si nous laissons ces dernières aux simples mains du marché économique, aucun rééquilibrage ne pourra se faire. Il est donc absolument nécessaire qu’émerge une volonté politique effective d’agir sur cela. Si aujourd’hui il peut y avoir des mots, nous n’en sommes pas encore là. Mais je garde bien en tête (et ne l’oublie pas !) cette phrase prononcée par Emmanuel Macron il y a près d’un an : « Il nous faudra nous rappeler aussi que notre pays, aujourd’hui, tient tout entier sur des femmes et des hommes que nos économies reconnaissent et rémunèrent si mal »8 ou encore cette autre où il énonce que « Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l’utilité commune ». Bien évidemment, les assistantes maternelles sont plus que concernées ! L’ensemble de ces métiers du lien, ceux évoqués dans le rapport, comme bien d’autres tels que les enseignants, sont indubitablement plus utiles socialement que bien d’autres professions !

 

Ceci nous renvoie directement à la question du statut : quid de celui des assistantes maternelles ?

C’est une question essentielle qu’il faut leur adresser directement. Je pense que leur profession manque de clarté : peu organisé syndicalement, leur volonté et souhaits ne sont pas à l’heure actuelle actés, sans compter qu’ils peuvent être, et la chose est normale, divergents. Quoiqu’il en soit, dans le fond, elles s’assimilent à des auto-entrepreneuses, dans le sens où elles doivent aller chercher des « clients », évoluent avec la crainte de les perdre, rédigent bien souvent leur fiche de paie elles-mêmes, etc. Paradoxalement, leur métier est formellement présenté comme un statut de salarié. Qui peut pourtant penser qu’un parent, pour les simples raisons qu’il a un enfant et recrute une assistante maternelle, se retrouve en capacité d’être patron ?! Il me semble que si nous souhaitons améliorer cette situation, mais je pose ces mots avec une extrême prudence car une réponse adéquate ne peut venir que des professionnelles elles-mêmes, le choix de l’indépendance n’est pas nécessairement le meilleur.

On pourrait dès lors imaginer (si tant est que les principales intéressées adhèrent à cette perspective) qu’elles deviennent salariées (prestataires) d’associations, celles-ci devenant leurs employeurs (ceci existant par exemple pour les auxiliaires de vie sociale). Pourquoi proposer cela ? Car ce lien employé/parent employeur n’est pas anodin.

Bien que moult témoignages de familles tendent à affirmer une très bonne qualité de liens, des situations concrètes vécues par des assistantes maternelles montrent que ce n’est pas nécessairement toujours le cas. A titre d’exemple, je peux vous évoquer ce qu’a pu me raconter Stéphanie, professionnelle évoluant à Picquigny (Somme) : son médecin l’avait appelée pour lui annoncer que ses examens avaient révélé un gros problème au cœur lequel exigeait une opération impérative puisque vitale le lundi suivant. Cette maman célibataire, face à une telle annonce, à quoi a-t-elle pensé en premier ? A sa vie ? Non, ce qui la taraudait le plus à ce moment était l’annonce à faire aux parents des tout-petits qu’elle accueillait : « Comment vais-je leur annoncer cela ? Comment vont-ils réagir ? Et cette appréhension, cette angoisse, si elle a pu se faire sentir tout particulièrement à cette occasion, n’était en soi pas nouvelle : une réunion au collège de sa fille ? Pas de possibilité de se libérer… Peur de relations dégradées, de perte d’un contrat laquelle la mettrait avec sa fille en situation de très grande précarité…

Ces illustrations, loin d’être uniques, manifestent que cette situation d’emploi direct conduit à une trop grande dépendance. C’est pour cela qu’il me semble qu’un emploi salarié, basé sur la médiation d’une association par exemple, pourrait potentiellement y répondre et permettre que des droits soient respectés… Pour autant et à nouveau, c’est aux assistantes maternelles d’en décider ! Je viens simplement poser le problème sur la table, car cet aspect me semble fondamental à résoudre afin que les questions de salaires et d’horaires puissent aussi obtenir des réponses. Sur ce dernier point, pourquoi ne pas imaginer qu’un parent (si on en reste à cette option d’emploi direct) recrute à la fois une assistante maternelle et sa suppléante, laquelle pourrait précisément permettre à la première de s’absenter quand le besoin est là ? Peut-être que cette suppléante, une autre assistante maternelle aurait alors quatre ou cinq enfants de façon simultanée, mais ce ne serait que temporaire et surtout, permettrait plus fondamentalement à ces professionnelles d’évoluer dans leur métier en ayant les moyens de profiter de leur droit à la formation.

 

Précisément sur cette question de la formation, vous en soulignez les failles, tant au niveau de l’initiale que de la continue, allant jusqu’à proposer de doubler la durée de la première8, à sortir de ce carcan temporel des formations du samedi, comme des monopoles tels celui d’Iperia existant9

Oui, ceci constitue un immense problème : des formations hors temps de travail, pourquoi ? D’où cette possibilité de suppléante que j’évoquais. Mais la difficulté est que l’Etat ne le veut pas, ceci impliquant d’y mettre les moyens, de restructurer une filière, etc. Qui plus est on ne peut occulter également l’existence d’une certaine forme de résistance, émanant d’assistantes maternelles qui se sont habituées à leur autonomie et indépendance. Celle-ci, c’est important de le dire, n’est pas à heurter ; elle est à entendre. Peut-être existe-t-il deux cultures, lesquelles peuvent coexister (comme ce qui se fait chez les auxiliaires de vie sociale). Actant de cela, il nous faut cependant savoir dans quelle direction nous souhaitons aller…

Pour en revenir directement à votre question, je pense plus généralement qu’il nous faut repenser la formation, le parcours de formation. Au cours de la carrière des assistantes maternelles, il nous faut nous donner les moyens de répondre à leur désir et volonté d’évoluer en termes de compétences, de savoirs… leur apporter des connaissances ayant un écho direct ou transposables dans leurs pratiques quotidiennes. Si je ne suis pas personnellement pour l’élévation du niveau d’exigence de diplôme à l’entrée du métier, je suis en revanche pleinement pour cette favorisation du développement et de la reconnaissance de leurs compétences, un élément qu’elles souhaitent d’abord et en premier lieu elles-mêmes ! Une élévation qui irait aussi dans le sens de changements dans leur considération, leur statut et leurs revenus… mais qui serait aussi et nécessairement ô combien fondamentale en ce qui concerne les tout-petits qu’elles accueillent ! Car oui, leur métier est important et il serait temps enfin d’acter ceci à plus grande échelle. Les assistantes maternelles le savent ; elles veulent tout cela mais nous ne leur en donnons pas les moyens, encore moins quand nous leur demandons de prendre leur samedi pour aller en formation après leur semaine de travail !

 

Certaines assistantes maternelles font appel aujourd’hui à des plateformes telles Top-Assmat, afin de leur permettre une gestion des questions administratives. Ceci vous semble-t-il répondre à une partie des problématiques liées à ces métiers ?

Le problème de ces plateformes est double : d’une part, elles ont un coût pour les assistantes maternelles et d’autre part, elles ne répondent pas à la question du « comment faire lorsque j’ai besoin de me libérer ? ». Elles n’apportent dès lors aucune médiation relativement aux aspects relationnels entre les professionnelles et les parents. Disant cela, il ne s’agirait pas de comprendre que je veuille empêcher la relation entre ceux-ci, bien au contraire ! Néanmoins, je pense que l’existence d’une instance permettant de faire tampon entre eux s’avère indispensable, car permettant de mieux structurer le métier tant pour les assistantes maternelles que pour les familles et les enfants accueillis !

Il nous faut également faire attention à un autre problème : la grande tendance à l’uberisation par le gouvernement des métiers : les assistantes maternelles, dans leur statut actuel, sont à risque…

 

Parfois, certains Ram, bien organisés et fort conscients des multiples problématiques inhérents au métier d’assistante maternelle, jouent un rôle de médiateur… Mais comme vous le soulignez dans votre rapport, leur qualité et leurs missions sont aussi très hétérogènes (comme vous le précisez également au sujet des PMI d’ailleurs !).

Personnellement, je serais pour qu’il y ait des Ram sur tout le territoire, que ceux-ci soient accessibles dans les faits pour toutes les assistantes maternelles (la fréquentation étant variable selon les départements et les relais) et que leur rôle évolue aussi peut-être (un statut d’association employeur ? Une formation pour les animatrices ?). Là encore, ceci n’est pas à imposer de façon verticale mais à penser, repenser avec les premières concernées et surtout dans l’optique d’avancer, de suivre une direction nouvelle…

 

Vous évoquiez tout à l’heure la rémunération, celle-ci faisait d’ailleurs l’objet d’un des trois articles de loi que vous avez portés fin septembre dernier10 : que proposez-vous ?

C’est en effet une nécessité d’œuvrer à la revalorisation financière ! La chose la plus simple à mettre en place serait de proposer une augmentation du taux horaire par enfant. Il n’est pas normal qu’en accueillant trois enfants à plein temps (35 heures), on ne touche même pas le Smic ! Cela devrait être la base a minima ! Sans compter que toutes les assistantes maternelles n’accueillent pas dans les faits trois tout-petits et que, qui plus est, la dimension temporelle (enfants accueillis certains jours et pas d’autres, amplitude horaire, etc.) demeure encore et toujours problématique ! Mais quoiqu’il en soit, un plancher tarifaire national est crucial et essentiel. Je n’irai pas jusqu’à dire un tarif unique, le coût de la vie (et notamment de l’immobilier) variant selon les départements.

 

Cette évolution salariale participerait-elle selon vous à améliorer la considération sociétale vis-à-vis des assistantes maternelles ?

Cela voudrait déjà dire qu’elles existent (au sens fort du terme) politiquement et dans l’espace public. J’évoquais antérieurement l’idée d’un continent invisible : à l’Assemblée nationale, lors des sessions relatives au budget, bien des champs sont balayés (éducation, armée, santé, etc.) ; si je n’avais pas été là pour prononcer les mots assistantes maternelles et poser des amendements en leur faveur, jamais ces professionnelles de la petite enfance n’aurait été évoquées ! Une preuve, si besoin l’était, de leur inexistence en tant que problème de nature politique à aborder. Pour les politiques, ce n’est de fait pas un problème : ça fonctionne comme cela, pourquoi chercher plus loin !

La pandémie de la Covid-19 traduit en ce sens pour moi la cristallisation de cet état de société : à qui a-t-on demandé de continuer à travailler ? Aux professions essentielles… dont les assistantes maternelles et ce, sans même leur fournir les équipements nécessaires (absence de masques notamment) et sans les considérer comme prioritaires ! Autrement dit, vous êtes essentielles mais non considérées, ou très peu. Un phénomène s’étant à nouveau cristallisé avec la question de la prime Covid. Symboliquement, le message envoyé à ces professionnelles était fort et ressenti ainsi : « Pourquoi nous n’y avons pas droit ? Des essentielles mais qui ne comptent pas ». Si nous avons réussi à réintégrer de force les auxiliaires de vie sociale, nous n’avons pu y parvenir pour les assistantes maternelles – la raison invoquée étant celle du statut des parents employeurs.

 

Un aspect qui est revenu avec la question plus récente des masques transparents (« C’est aux parents de le faire ! ») et plus profondément d’ailleurs, qui résonne avec l’absence de tout « Merci » adressé à leur égard…

Mais est-ce que les gens qui sont au pouvoir, derrière leurs statistiques et leurs murs, ont vu ce que cela signifiait pour les assistantes maternelles de continuer à travailler dans ces conditions ? Est-ce qu’ils se rendaient compte du surplus de travail également le soir, avec la désinfection du matériel, des jouets, etc. ? Concrètement, je pense que le pouvoir est aveugle à cela : il n’a aucune idée de ce que cela veut dire !

Et là, nous parlions de ce qui a trait à la pandémie mais de façon générale, cela se traduit exactement de la même façon ! Une méconnaissance fondamentale du métier existe ! Une illustration : à l’occasion d’un tweet où je formulais « Pendant qu’Elisa était à 4 euros de l’heure pour garder nos enfants, Jean Castex touchait 200 000 euros de la République par an »12, j’ai eu le droit à une envolée de tweets notamment de la part des députés LREM, Aurore Bergé et Brunon Questel, lesquels s’indignaient de ce que, patron voyou, j’emploie une assistante maternelle à 4 euros de l’heure « soit un montant plus de deux fois inférieur au Smic ». Outre l’interprétation totalement erronée de ce que j’ai pu poster (je n’emploie pas d’assistante maternelle, Elisa était une assistante maternelle interviewée dans l’article que je partageais via mon tweet) et de son sens fondamental, cela souligne combien ils n’ont aucune connaissance de ce métier (accueil de plusieurs enfants) et de sa réalité (quelle assistante maternelle ne rêverait pas d’atteindre déjà a minima ce montant !).

Plus profondément, point clef de ce métier : afin qu’ils soient enfin considérés comme un problème politique, public, je pense essentiel qu’eux-mêmes s’organisent en fonction, qu’ils manifestent, portent plus largement leurs messages… Je peux tout à fait me positionner en tant que porte-parole, soutien mais cela demande un mouvement d’ensemble, que des personnes se fassent relais, etc. Sinon, les mots que je prononce au sein de l’hémicycle tombent dans le vide. Notre monde est ainsi fait que des causes ou problèmes portés à la connaissance des personnes évoluant dans la politique auront du poids si dehors et parallèlement, des véritables mouvements, des mobilisations (même de petite taille, même virtuelles [réseaux sociaux]) ont lieu. En la matière, nous avons pu voir cela commencer à se faire lors de l’annonce de l’obligation de déclaration aux impôts des repas13 apportés par les parents… Il faudrait trouver désormais les moyens nécessaires pour que les sujets au cœur des mobilisations soient encore plus vastes, recouvrent les nombreuses problématiques et que les mobilisations prennent une plus grande ampleur.

 

Et ce d’autant que nous le voyons notamment sur les réseaux sociaux14, un certain nombre d’assistantes maternelles remontent les problèmes, s’expriment dès lors que nous leur posons des questions sur leurs conditions d’exercice par exemple…

Oui, j’ai rencontré des professionnelles ayant une grande liberté de parole, souhaitant s’investir, s’engager pour changer les choses… Il existe une véritable volonté de voir leurs conditions s’améliorer, à la hauteur de la frustration qu’elles éprouvent, mais aussi des représentations plus fondamentales de leur métier : aujourd’hui plus que jamais, les assistantes maternelles se considèrent comme des professionnelles de la petite enfance (versus des « nounous ») : ce n’est plus de la simple garde d’enfants, mais un accueil qu’elles proposent et dont il en va du développement des tout-petits.

 

Un message particulier à adresser à nos lectrices pour achever cet entretien ?

Mesdames, je vous remercie. J’ai bien conscience du travail absolument essentiel que vous effectuez, et qui de mon point de vue n’est pas reconnu, ni pour le statut ni pour les revenus.

 

Supplément d’Assistantes Maternelles magazine n°182 - Mars/Avril 2021

Quelle identité professionnelle aujourd’hui ?

 

 

 

 

  1. 1. Rapport d’information déposé par la Commission des Affaires économiques sur les « métiers du lien » et présenté par Mrs Bruno Bonnell et François Ruffin. Rapport n°3126, enregistré le 24 juin 2020.
  2. 2. NDLR. Comme évoqué dans le rapport précité, « Ces métiers sont mis au féminin car ils sont tous très majoritairement exercés par des femmes. »
  3. 3. AESH : accompagnant des élèves en situation de handicap.
  4. 4. Cf. Par exemple : Recommandation de la Commission du 20 février 2013, investir dans l’enfance pour briser le cercle vicieux de l’inégalité, Journal officiel de l’Union européenne.
  5. Recommandation du Conseil du 22 mai 2019 relative à des systèmes de qualité pour l’éducation et l’accueil de la petite enfance.
  1. 5. C’est-à-dire basée sur le suivi dans le temps (versus une étude à un instant/moment précis) d’un phénomène.
  2. 6. The Chicago Longitudinal Study : étude initiée en 1986 et visant à évaluer l’impact de programmes gouvernementaux sur des enfants de maternelle (Kindergarten). https://innovation.umn.edu/cls/
  3. 7. Allocution du président de la République. Le 13 avril 2020. https://www.elysee.fr/emmanuel-macron/2020/04/13adresse-aux-francais-13-avril-2020
  4. 8. Rapport d’information sur les « métiers du lien » op. cit. Proposition n° 34.
  5. 9. Ibid. Proposition n° 35
  6. 10. Ibid. Proposition n° 23
  7. 11. Proposition de loi n° 3379. Reconnaissance des métiers du lien (enregistrée le 29 septembre 2020). Article 8 : « L’article 8 relève le minimum horaire brut par enfant de à 0,281 à 0,333 SMIC pour les assistants maternels. Bien qu’encore insuffisante, l’augmentation du salaire horaire à un tiers du salaire minimum de croissance (SMIC) est urgente. »
  8. 12. Datant du 8 juillet 2020.
  9. 13. Ceux-ci étant pour rappel considérés comme des avantages en nature.
  10. 14. NDLR : par exemple sur la page Facebook Assistantes Maternelles magazine
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Générale  Céline Durand    5 mai 2021


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